Dimension du commutant d’une matrice
Après le grand succès de son dernier avis de recherche en algèbre linéaire mon collègue mathématicien Laurent Kaczmarek nous propose un nouvel exercice sympa sur les matrices.
Soit A une matrice carrée d’ordre n. Montrer que son commutant (le sous-espace vectoriel des matrices qui commutent avec A) est de dimension supérieure ou égale à n.
Etudes dans les cas réel ou complexe acceptées (et même souhaitées !).
Bonjour,
On sait que A est semblable a une matrice diagonale par blocs B=diag(B(1),…, B(r)) ou B(i) est une matrice compagnon (compagne ?).
Bien sûr Comm(A) et Comm(B) ont la même dimension.
On peut voir qu’on est ainsi ramené au cas où A est une matrice compagnon, disons associée a un polynôme P, unitaire et de degré n.
Il est bien connu que dans ce cas le polynôme minimal de A est P lui-même (et c’est aussi le polynôme caracteristique de A) donc la famille de matrices I,A,A^2,… est de rang n. Toutes ces matrices commutent avec A, d’où le resultat.
Une belle preuve que tu nous envoies de ton lieu de vacances — l’absence des accents (je viens de les ajouter) laisse deviner que tu tappes sur un clavier non-français.
Ma démonstration est un peu différente, elle passe par un théorème plus difficile mais plus connu que celui de la matrice compagnon : la forme de Jordan sur un corps de rupture du polynôme caractéristique de A. Ainsi on est ramené au cas où A est de la forme d’un bloc de Jordan A=aI+N. Il est alors clair que les matrices I, N, … , N^{n-1} commutent avec A.
Bien vu pour les accents 🙂
Nos preuves se ressemblent evidemment beaucoup (et a ma connaissance demontrer la reduction "de Jordan" ou "en matrices compagnons" c’est a peu pres pareil) mais il faudrait ajouter quelque chose a la tienne (ou est-ce trop evident ?) : tu montres le resultat apres extension des scalaires, ne faut-il pas expliquer comment on redescent ? (ok c’est vraiment evident … "C-libre implique R-libre").
A bientot
Oui, en effet je ne l’ai pas détaillé car c’est l’argument classique : A induit un endomorphisme sur L^n où L est une extension du corps initial. Le rang de cet endomorphisme est égal à l’ordre du plus grand mineur non-nul de la matrice A et donc ne dépend pas du corps.
ne peut on pas trouver de demonstration COMPLETE pas trop compliquée.
De plus pouvez vous m’aider à montrer que si dimC(u)=n alors dimKeru=1 ou 0
Merci
Les démonstrations proposées ci-dessus par PB et moi sont COMPLETES — où voyez-vous un trou ?
Voici une autre preuve, moins algébrique et seulement valable pour des matrices réelles ou complexes.
Concernant votre autre question, à savoir l’implication « si dim(Comm(A))=n alors dim(Ker(A))=1 ou 0″, je vous propose l’idée suivante. Si dim(Ker(A)) est supérieur ou égal à 2, alors la matrice de Jordan de A possède deux blocs avec valeur propre nulle. On peut alors montrer par un calcul direct que la dimension de Comm(A) est strictement plus grande que n.
(Mais il y a probablement une démonstration plus élégante.)
merci de vos reponses
une demonstration est conplete lorsqu elle n utilise pas un resultat complique du stlyle decomposition de jordan ou en matrices compagnon