Journalistes du sensationnalisme et mathématiciens astrologues

Corona – fausse alerte?

Depuis ce printemps je souhaite parler de certaines pensées que j’ai concernant la crise corona, mais je l’ai toujours procrastiné. En août, je ne pouvais plus me taire 😉 et j’ai écrit une lettre à la rédaction du journal télévisé de 20h de la première chaîne allemande où je signalais mon mécontentement avec leur manière de communiquer sur les chiffres liés à la pandémie de corona. Ceux qui comprennent l’allemand pourront la lire ici. Evidemment ils n’ont pas répondu (contrairement à un message que je leur avais envoyé en 2015 concernant les attentats de Paris). Certainement je n’étais pas le seul à leur écrire ces choses, et c’est peut-être la raison pour laquelle le ton du journal télévisé en Allemagne a changé un peu depuis quelques semaines, mais à mon goût pas assez.

En gros, ce que je reproche aux journalistes c’est de semer la panique en parlant de chiffres absolus : les nombres des positifs aux tests, sans les mettre en relation avec le nombre total de tests ; le nombre de décès sans les mettre en relation avec ce qui est « normal » pour chaque pays. C’est comme vouloir prouver le changement climatique avec les seules températures de l’année 2020. Non, le changement climatique est visible (et de manière très inquiétante) en comparant les températures sur plusieurs décennies. Pour évaluer la dangerosité d’une pandémie il est bon de comparer avec les années précédentes en remontant une dizaine ou quinzaine d’années en arrière (remonter beaucoup plus loin est délicat, car les populations, systèmes de santé et d’autres facteurs changent). Mais les médias ne font pas ce petit travail. Néanmoins certaines institutions de l’état le font correctement, mais ce n’est pas mis en avant, au contraire.

Commençons par les statistiques de mortalité en Allemagne, publiées par le Statistisches Bundesamt. Voici les courbe des cinq dernières années. L’axe des abscisses compte simplement le numéro de semaine de l’année :

On cherchera en vain sur la courbe de 2020 une grande bosse de mortalité corona. Où est-elle? On la voit à peine, elle est presque invisible comparée à la bosse liée à la grippe en 2018 ! Je ne comprends pas pourquoi aucun journaliste n’en parle. Devant les victimes de la grippe en mars 2018 la pandémie allemande de corona est un nain. Et même devant la grippe de 2017 la mortalité corona 2020 est faible. L’année 2020 ressemble plutôt à l’année 2019. (D’ailleurs certains experts, comme Sucharit Bhakdi, affirment que la faible mortalité corona en Allemagne n’a rien avoir avec les mesures prises par le gouvernement allemand en mars 2020, car ces mesures venaient après que le déclin a été entamé.)


Maintenant on continue à faire peur aux gens en disant qu’il y a beaucoup de nouvelles infections (mais on cherche les malades). Concernant ces tests non ciblés en masse, comme on les fait actuellement en Allemagne, j’ai montré dans un billet précédent qu’ils ont peu de sens. D’une certaine manière on est passé d’une pandémie des médias à une pandémie de laboratoire, avec un test PCR non standardisé. D’ailleurs les spécialistes le savent très bien et déconseillent ces tests en masse, car les laboratoires débordés donnent les résultats une semaine trop tard et les institutions n’arrivent pas à suivre les positifs. Ces tests font augmenter le bruit de fond et si on ne divise pas le nombre de tests positifs par le nombre de tests effectués, alors on a l’impression d’une forte augmentation qui en réalité n’a pas lieu. Pourtant certains politiciens veulent ces tests, par exemple Söder, le ministre-président de la Bavière, même si ses conseillers en santé lui expliquent que ces tests n’ont pas de sens.

Maintenant venons à l’Italie, pays très touché cette année. Le ministère de la Santé en Italie publie chaque semaine les chiffres de décès (voir page 2). Heureusement ce sont des gens sérieux qui y travaillent, car ils affichent également la courbe sur les derniers cinq ans ; cela permet de relativiser la situation (cliquer pour aggrandir) :

Les petits ronds donnent la mortalité par semaine, donc 52 ronds en une année.
La courbe rouge est une certaine approximation ou moyenne glissante, la courbe noire est une moyenne sur plusieurs années. La mortalité hebdomadaire varie très fortement dans l’année. Par exemple, de septembre 2016 à janvier 2017 elle a connu une hausse de 100%, c’est-à-dire le nombre de morts d’une certaine semaine de janvier il y a quatre ans était le double du nombre de morts d’une certaine semaine de septembre. À cette époque, certains hôpitaux italiens étaient complètement débordés, mais les journalistes allemands n’en parlaient pas. De septembre 2019 jusqu’au peak du 1er avril 2020 il y avait une augmentation de 120% environ. D’ailleurs on remarque que la montée en mars 2020 est précédée par une longue période de sous-mortalité (aire hachurée par les soins des statisticiens du ministère italien). Je ne vois rien d’alarmant dans ces chiffres. Comme en Allemagne, l’effet du confinement en mars est discutable (et est effectivement discuté par certains spécialistes).

Il serait instructif d’avoir de telles courbes pour les autres pays, incluant des années précédentes pour comparer les hauts et les bas avec l’année 2020. Peut-être mes lecteurs pourront-ils fournir des liens? En particulier pour la Suède, le seul pays d’Europe où le gouvernement n’a pas pris de mesures importants et où les écoles et restaurants restaient ouverts.

Un autre problème est celui du comptage des morts de corona. En Allemagne on ne distinguait pas entre les personnes qui sont mortes avec le corona et celles qui sont mortes à cause du corona. Or cela est très problématique, comme le souligne le professeur Püschel (voir plus bas). En plus, on n’a pas remis le compteur à zéro pendant l’été où il n’y a presque pas de décès liées à des maladies respiratoires. Quant aux épidémies de grippe, le compteur est remis à zéro chaque année. Bien évidemment, il faudrait faire pareil pour le corona.

Je pense qu’on donne une attention trop importante au SARS-CoV-2, comme s’il n’y avait plus d’autres maladies, et qu’on prend des mesures disproportionnées si l’on les compare aux virus qui circulaient les années précédentes — mesures qui ont des conséquences lourdes sur le futur de nos pays et aussi sur la santé de nos concitoyens. On pouvait le comprendre en mars quand les chiffres n’étaient pas encore bien connus, mais plus maintenant. De nombreux spécialistes l’ont dit très tôt, mais la télévision allemande ne leur donnait pas la parole, pire les journalistes les qualifiaient de conspirationnistes même s’ils n’ont rien dit de tel et ne faisaient que transmettre leur connaissances scientifiques. Je suis heureux que depuis quelques semaines il y a un léger revirement des médias officiels, par exemple dans cet entretien qui oppose le professeur Sucharit Bhakdi à un collègue du mainstream (qui finalement manque d’arguments).

J’aurais encore beaucoup de choses à écrire (comme sur certains effets de la crise que j’apprécie, même s’ils sont causés par de mauvaises raisons) et je le ferai peut-être dans les semaines suivantes, si je trouve le temps. En tout cas, je suis profondément convaincu que nous avons des problèmes tellement plus importants à régler pour la future génération sur notre planète. L’attention actuelle portée à cette pandémie est complètement irrationnelle si on pense aux vagues de grippe des années précédentes et surtout aux véritables problèmes qui attendent nos enfants dans les décennies à venir.

Aux lecteurs qui maîtrisent l’allemand voici quelques vidéos de spécialistes sur le thème du corona:

  1. Le professeur Püschel, chef de la médecine légale de l’université de Hamburg a critiqué l’Institut Robert Koch (qui gère la « crise corona » en Allemagne); cette institut a dit qu’il ne fallait surtout pas procéder à des autopsies des morts classés corona. Püschel a rétorqué que les médecins légistes sont assez professionnels pour se protéger contre des contaminations. En conséquence il exigeait que tout mort classé corona dans la ville de Hamburg passe dans son service pour une autopsie. Ainsi il a été le premier au monde à faire plus de 200 autopsies de morts corona. Dans cette vidéo il était à une centaine d’autopsies et il constate que chez aucun des morts le virus ne pouvait être établi comme la véritable cause du décès. Il s’étonne aussi du président français qui emploie le terme « guerre ». Selon lui, il ne s’agit pas d’un virus tueur. Cette conférence de presse qu’il donne avec ses collègues des soins intensifs et de la pathologie est très intéressante.
     
  2. Karina Reiss, professeure de biochimie à l’université de Kiel, a donné un exposé très instructif sur les chiffres. À un certain moment utilise une ruse intéressante : elle montre des images de patients qui décèdent dans les couloirs d’hôpitaux américains, de lits remplis de patients dans les tentes devant les cliniques, etc…. puis elle demande pardon au public, elle s’était trompée, ces images ne sont pas de 2020 mais ont été prises lors d’une saison de grippe hivernale aux USA il y a quelques années !
     
  3. Hendrik Streeck, le jeune directeur de l’institut de virologie de l’université de Bonn, explique ici pourquoi il faut apprendre à vivre avec ce virus et qu’il ne faut pas espérer qu’un vaccin réglera tout dans un futur proche. Je trouve cela très lucide car beaucoup de personnes, surtout en France, attendent naïvement le vaccin miracle comme le sauveur (lire par exemple la lettre de Anne Hidalgo adressée aux parisiens en septembre). Or il y a de nombreuses maladies, connues depuis des décennies, qu’on n’arrive pas à maîtriser avec des vaccins. Le vaccin contre l’influenza existe – et les peaks de mortalité en hiver persistent (voir les graphiques de l’Italie et de l’Allemagne).
     
  4. Last but not least je souhaite recommander le livre Corona – False Alarm? dont Sucharit Bhakdi est co-auteur et dont j’ai repris le titre pour ce billet. Bhakdi est un professeur émérite qui dirigeait pendant 22 ans l’institut d’infectiologie et d’immunologie à l’université de Mainz. Sur un plateau d’une télévision autrichienne il explique calmement les choses du point de vue de sa longue expérience. Je lui fais beaucooup plus de confiance en la matière qu’à certains collègues mathématiciens qui jouent avec des modèles à paramètres dont ils ne connaissent pas les valeurs et finissent par fournir des fourchettes d’estimations complètement fantaisistes sans se soucier du fait que journalistes et politiciens ont tendance à retenir l’estimation la plus pessimiste. Publish or perish.
6 réponses
  1. Fox
    Fox dit :

    Je suis d’accord avec cette analyse chiffrée qui permet de bien mettre en pespective les dernières années, en prouvant qu’il n’y a pas de "surmortalité" significative en 2020.
    En revanche, l’article parle des journalistes et pas des hommes politiques. Or en France, la grande partie de la presse est "aux ordres" des politiques. Donc, il faudrait élargir le sujet à : pourquoi le gouvernement a choisi la peur et la culpabilisation des gens ? Pourquoi a-t-il volontairement sur-exploité le covid ? Pourquoi conduire beaucoup de petites entreprises à la faillite ? Pourquoi saborder l’économie ? Etc…

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  2. MathOMan
    MathOMan dit :

    @Fox: Je ne connais pas la courbe pour la France. Et je ne crois pas du tout à l’idée d’un « complot ». À mon avis, c’est la simple ignorance. Même le président d’Allemagne Frank-Walter Steinmeier avait proposé, il y a un mois, une heure commémorative pour les morts de Corona allemands; finalement il a abandonné cette idée, probablement parce que ses assistants lui ont montré le graphique ci-dessus où on se demande pourquoi il ne suggère pas une heure commémorative pour les très nombreux morts de la grippe en Allemagne en 2018…, morts que le gouvernement aurait pû éviter en interdisant imposant le port du masque partout, en mettant les restaurateurs devant la ruine, en interdisant aux artistes de gagner leur vie, etc.
    Mais je suis d’accord avec toi que peut-être certains gouvernants (comme Söder en Bavière) veulent en tirer un profit politique en jouant l’homme fort — et pour que cela fonctionne il faut faire peur.

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  3. MathOMan
    MathOMan dit :

    Merci à Jean-Marc, pour ces deux liens. Le deuxième lien est très bien. Il montre, dans son premier graphique, un grand peak sur une courte période. On ne le voit pas les autres années. D’après ce graphique il semble que la pandémie est terminé.

    Le deuxième lien, avec « l’excess-mortality », fait justement partie des statistiques qui ne permettent pas de communiquer correctement ce qui se passe, pour trois raisons. 1) Il ne dit rien sur des « excess-mortalities » des autres années. 2) Il ne parle pas de sous-mortalités. 3) Et le pire, il compare chaque semaine avec la moyenne des mêmes semaines des années précédentes ; or c’est complètement aberrant car les vagues de forte mortalité hivernale n’arrivent pas toujours exactement dans les mêmes semaines de l’hiver. Donc d’une certaine manière ce type de calcul d’excès de mortalité compare des choses non comparables.

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  4. Sentinelle
    Sentinelle dit :

    Le compte youtube de la vidéo du Bhakdi professeur sur un plateau de TV autrichienne a été…supprimé ! Il se passe un truc mondial manipulateur inquiétant ! Une sorte de dictature mondiale se met doucement en place ?! États, médias, GAFAM, Club de DAVOS, certains labos, tous convergent vers un projet complice. On ne rêve pas, ce scénario de film est BIEN REEL ! Réveillez vous, sortez du troupeau de moutons qui va foncer dans le ravin !

    Le livre Corona False Alarm est en vente en Anglais sur des librairies en ligne.
    Pour ceux qui ne peuvent l’acheter, vous pouvez le lire en ligne en cherchant le titre en anglais sur google et ajoutez filetype:pdf 😉

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