Attentats à Paris : Les petits hasards qui m'ont sauvé la vie

Attentats à Paris : Les petits hasards qui m’ont sauvé la vie

Hier soir, après mon dernier cours à l’université de Versailles, je suis rentré à Paris. J’habite au boulevard Voltaire et je me suis installé dans le restaurant « Comptoir Voltaire » à quelques mètres de chez moi pour regarder le match amical France-Allemagne sur grand écran. Le match est moyen, je m’ennuie un peu… mais ça ne dure pas longtemps. Vers 21h30 une explosion a lieu sur la terrasse du restaurant. Heureusement j’étais à l’intérieur, pas sur la terrasse. Quand je tourne ma tête je vois, comme dans un film, des petits debris tomber parterre comme des confettis. Je pensais à une explosion de gaz; en fait, depuis une semaine il y a des travaux sur les lignes de gaz sur tout le long du trottoir et un panneau prévient les passants de ne pas jeter de mégots parterre.

Comme les autres clients du restaurant je cours vers la sortie latérale. Sur la terrasse plusieurs personnes sont parterre, couvertes de sang. D’autres blessés sont dehors dans la rue. Après l’arrivée des secours tout le site est évacué. (À ce moment on ne savait toujours pas que c’était un attentat.) L’explosion était relativement faible si l’on compare aux explosions des conduits de gaz dont on lit parfois dans le journeaux. Je pense alors que c’était l’un des chauffages à gaz utilisés sur la terrasse qui a explosé. C’est seulement beaucoup plus tard, après avoir pu récuperer mon téléphone et mes autres affaires laissées à l’intérieur, que j’entends parler des attentats.

Voici une photo que j’ai prise ce matin (cliquez pour aggrandir):

attentat 13 novembre paris boulevard voltaire

Quelques hasards ont fait que je ne compte pas parmi les morts ou blessés de ce vendredi 13 novembre:

  • J’étais assis à l’intérieur et pas sur la terrasse.
  • Contrairement aux autres lieux d’attaque dans 11e arrondissement il n’y avait pas de fusillade. Le kamikaze qui s’est fait exploser n’avait pas de kalashnikov.
  • La détonation a gravement blessé certains clients sur la terrasse, mais n’était pas assez forte pour percer la baie vitrée qui sépare le terrasse de l’intérieur. Je n’étais assis qu’à 4 ou 5 mètres de l’explosion…

Ce n’est qu’aujourd’hui que je commence à réfléchir et à réaliser tout ce qui s’est passé. Si on analyse un peu les différentes attaques simultanées on se demande pourquoi elles ont été menées avec des équipements différents, certaines avec mitrailleuses et d’autres avec « seulement » des explosifs plutôt faibles. Une réponse possible pourrait être que ce « sous-équipement » n’était pas prévu par les terroristes. Peut-être n’ont-ils pas reçu la livraison complète des armes. Actuellement ce n’est qu’une spéculation, les futurs investigations en diront plus. Sur les sites de la télévision allemande (ici ou , traduction fraçaise ici) on peut lire ceci: Le 5 novembre, lors d’un contrôle de routine, la police bavaroise a arrêté un conducteur sur l’autoroute Salzbourg-Munich. Il transportait des kalashnikov et des explosifs. La destination du GPS de la voiture était programmée sur l’adresse d’un parking public à Paris. Les autorités françaises étaient alors contactées par la police allemande.

Je peux donc dire que je l’ai échappé belle. Mais peut-on vraiment le dire? C’est comme si un joueur de loto disait: « J’ai presque gagné, chaque nombre de ma combinaison diffère seulement d’un chiffre d’un nombre de la combinaison gagnante. »

6 réponses
  1. JEM
    JEM dit :

    It is difficult to see these places that I am familiar with in the news under these circumstances and to learn that you had a very close call… God had a different plan for you. May those who lost their lives rest in peace. Thanks for sharing.

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  2. veyne
    veyne dit :

    Merci pour votre témoignage, heureux de vous savoir indemne…

    Je reprend les cours avec mes premières cette après-midi, probabilités, peut-être que je leur dirai que je soigne ma propre peur avec ces probabilités.

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  3. Pierre Lecomte
    Pierre Lecomte dit :

    Cela donne vraiment froid dans le dos!

    J’ai eu vent ce matin d’un autre miracle du genre : une dame travaillant dans un restaurant pas trop loin d’un des cafés attaqué (peut-être le vôtre) a l’habitude lorsque son service se termine pas trop tard, de s’attarder à la terrasse de c café. Ce maudit vendredi, elle se dirige donc vers cette terrasse et, constatant qu’il n’y avait aucune place de libre, se ravise et se dit que tout compte fait, comme elle est un peu fatiguée ce soir, elle va rentrer directement chez elle …

    Heureux moi aussi de vous savoir indemne!

    Cordialement,

    PL

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  4. philippe
    philippe dit :

    Ca fait bizarre de lire ce billet : d’un coté le soulagement d’un autre ça fait froid dans le dos. Depuis la "province" tout cela peut paraître très loin et puis petit à petit on met des noms sur ceux qui se sont retrouvés face à ces attentats, c’est là qu’on se rend compte qu’on est tous concernés. Ça me rappelle aussi pendant ma thèse lorsque j’avais été amené à lire un article d’un doctorant (Mohamed Benchaou) mort lors de la vague d’attentats de 1995-1996 (lien ici); la même violence inutile sans cesse répétée … je suis de tout cœur avec toi, hâte de te relire parlant de mathématiques !

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  5. Fred "Batala"
    Fred "Batala" dit :

    Hello B,
    Tu as fais parti des gens présents au mauvais endroit au mauvais moment, avec la vie sauve en plus !
    Quand je pense également au Bataclan qui a été plusieurs fois un haut lieu pour les batucada (groupes de percussions brésiliennes) dont notre Batala, je me dis qu’on aurait pu aussi être de la partie…

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