Qu’en est-il d’une filière informatique en prépa ?

Ces jours-ci les nouveaux programmes des classes prépa sont en train d’être finalisés pour être appliquées dès la rentrée 2013. D’après ce que je sais déjà, les fonctions de deux variables seront traitées en deuxième année au lieu de les survoler un peu à la fin de la classe de sup; les séries seront au programme de la première année là où est leur place naturelle, c’est-à-dire avec les suites. Ces points me plaisent. J’espère qu’on fera aussi un peu le ménage dans certaines incohérences qui sont survenues au fil du temps (par exemple, parler des relations d’équivalence de sans introduire la notion de quotient n’a pas de sens et est donc superflu).

Il est aussi question d’abandonner l’enseignement de Maple au profit d’un autre logiciel comme Python. Depuis longtemps les classes préparatoires françaises se déclinent en M (mathématiques), P (physique), C (chimie), SI (sciences de l’ingénieur). Mais où est une véritable filière I (informatique)? Il y en a pas et je trouve ça scandaleux aujourd’hui au 21e siècle.

Quelles sont les raisons pour que l’informatique est la grande absente des classes prépa? La seule raison que je puisse m’imaginer est d’ordre budgétaire et de recrutement. En fait, comment faire recruter des gens compétents en informatique s’ils peuvent gagner beaucoup plus ailleurs (*)? Bien sûr, il y a des profs de mathématiques ou de physique qui s’intéressent plus ou moins à l’informatique; mais souvent ils l’ont appris par eux-même et n’ont ni une vue globale de la matière ni des connaissances en informatique fondamentale. (Je fais partie de cette catégorie, je donne juste des TP de Maple, qui n’est pas une véritable logiciel d’informatique mais plutôt un outil pour mathématiciens.) Il faudrait donc ouvrir aujourd’hui une filière agrégation style « maths discrètes et informatique » pour pouvoir recruter dans quelques années…

(*) Chez Madore j’ai lu quelque part dans un billet que je ne retrouve plus que les enseignants de ENST étaient détachés administrativement pour être payés plus. Probablement c’est pour pouvoir les garder…

3 réponses
  1. PB
    PB dit :

    Pourquoi pas… Quel chemin naturel mènerait à cette agrégation ? (math à l’université ?).

    P.S. Il me semble qu’il n’y a pas du tout de relation d’équivalence dans le programme actuel de MPSI.

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  2. philippe
    philippe dit :

    J’enseigne depuis plus de 10 ans en DUT informatique et franchement l’absence de filière informatique en prépa ne m’étonne pas vraiment. Déjà à la base, je pense qu’il y a eu une certaine réticence chez les matheux à voir l’informatique être reconnue comme matière universitaire (ça a été le cas aussi pour l’analyse numérique et les statistiques pendant un moment). L’introduction de l’épreuve de modélisation à l’agregation de maths en 99, puis d’une option informatique en 2006, ressemblait un peu à une "OPA" sur l’enseignement de l’informatique de la part des matheux 🙂 Et ça marche il n’y a pas de formation pour l’enseignement de l’informatique (mis à part les enseignants chercheurs du domaine).

    Là dessus se greffe un autre problème, celui de la difficulté des informaticiens à se fédérer pour défendre l’enseignement de leur domaine en prépa/lycée. Il faut dire qu’il y a plus d’incompréhension entre deux enseignants chercheur de 27ième section (INFO) qu’entre un matheux de 25ième et un de 26ième! L’informatique est une matière jeune (70ans au plus) mais elle est constituée d’une multitude de sous-domaine qui divergent très rapidement les uns des autres comme :
    – l’architecture des ordinateurs (à la limite de l’électronique)
    – la programmation web (programmation mais bien loin de l’algorithmique théorique)
    – l’imagerie numérique (grosso-modo du traitement du signal)
    – la logique flou
    – …
    un spécialiste de l’analyse numérique et un de géométrie algébrique se comprennent bien mieux que deux informaticiens des domaines ci-dessus.

    Alors quand il faut écrire un programme pédagogique …???? Concrètement les programmes des DUT viennent d’être redéfinis ces dernières semaines (la CPN va les publier bientôt) et visiblement c’est en DUT INFO que ça a été le plus dur d’obtenir un consensus … j’ai assisté à de nombreuses réunions d’informaticiens pour définir des programmes, dès qu’il faut faire des choix entre différentes parties ça vire au psychodrame. Les matheux ont beaucoup moins de mal à sacrifier un sujet pour renforcer les connaissance dans un autre domaine.

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  3. Vince
    Vince dit :

    Bonjour,
    Pour dire les choses franchement, ça me semble un fausse bonne idée.

    >Si l’on recherche des compétences pratiques (Langages de programmation, environnement) cela évolue tellement vite que les élèves risquent d’avoir des connaissances obsolètes en arrivant sur le marché du travail.
    >Si l’on veut donner un enseignement plus théorique, qui cela intéressera-t-il en entreprise? pas grand monde! Pourquoi créer une filière en prepa alors que donner les bases en math en prépa et dispenser des formation plus spécialisée en école semble marcher.

    D’autre part il faut regarder les débouchés. Le progiciel est devenu la norme (SAP est le grand exemple) et en conséquence les compétences fonctionnelles priment. Je vois plus l’enseignement de l’informatique comme devant apporter une compétence de soutien spécialisée et adaptée à une compétence principale. (Philippe l’avait bien vu, la situation est plutôt balkanisée!)

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