Une hausse de mortalité chez la jeune génération
Pour illustrer la notion de standardisation z-score je montre la page de mortalité des pays d’Europe Euromomo à mes étudiants. Cette standardisation a ses avantages et inconvénients (dont je parlerai dans un autre billet).
Euromomo donne aussi le nombre de morts, non standardisé, par semaine et par tranche d’âge. Voici le graphique concernant les 15 à 44 ans (cliquer sur la graphique pour agrandir):
Explication du graphique: l’axe horizontal représente le temps en années et semaines et l’axe vertical donne le nombre total de décès par semaine des 15 à 44 ans dans les 29 pays européens participants. Il y a une certaine périodicité annuelle avec plus de morts en hiver qu’en été, mais ces hauts et bas sont loin d’être aussi prononcés que chez les personnes âgées. La zone grisée, indiquant la mortalité considérée comme normale, ondule seulement peu. Jusqu’au juin 2021 ce graphique ne montre rien de très exceptionnel. Même depuis l’arrivée du SARS-CoV-2 il y a juste quelques pics isolés qui rentrent vite dans les rangs. Mais en juin 2021 la courbe monte au-dessus de la zone grisée et n’est plus revenue à la normale jusqu’à aujourd’hui.
Évidemment cela interpelle car sur les années précédentes une aussi longue sortie de la zone grise n’a jamais eu lieu. Et comme cette hausse commençait juste au moment où les coronavirus prenainent leur pause d’été, on doit se poser des questions. Cette montée en mortalité coïncide, dans la plupart des pays européens, avec le début de la campagne vaccinale contre la covid pour cette tranche d’âge. Est-ce qu’elle serait donc liée aux effets secondaires du vaccin?
Les effets secondaires du vaccin sont rares, mais ils existent. Quel intérêt a une personne saine de se faire injecter un vaccin qui est efficace contre une maladie spécifique, lorsque cette maladie est rare et que le vaccin peut-être nocif? Voilà est la question que doit se poser en particulier la génération en dessous de 50 ans car le Covid est une maladie très rare pour elle. En gros la question est de savoir ce qui est plus rare : le covid ou les effets secondaires du vaccin. Les deux peuvent devenir mortels, dans des cas très rares. Évidemment les études, faits par les fabricants sur un petit nombre d’individus, ne peuvent pas renseigner sur les occurrences d’événements rares. Mais à présent après l’expérimentation sur les populations de pays entiers les chiffres sont là – ou plutôt: devraient être là car il n’est pas certain que les états qui mènent cette grande étude expérimentale sur leurs peuples fassent bien le travail de statisticien.
Pour y voir clair, on a besoin des chiffres exacts des décès toutes causes confondues et différenciés selon le statut de vaccination. Le site Euromomo ne les a pas, et malheureusement je ne les trouve ni pour la France, ni pour l’Allemagne. En revanche je les ai trouvés pour l’Angleterre, sur le site de l’Office for National Statistics (ONS), l’homologue de l’INSEE. L’Angleterre est un bon exemple car ils ont commencé à vacciner très tôt et classent chaque décès selon le statut de vaccination du décédé. Vous pouvez télécharger les données sur leur site. Chez eux il y a seulement quatre classes d’âges: 10-59, 60-69, 70-79 et 80+. (La dernière est très large, je reviendrai à cet inconvénient plus bas.)
Une fois les données téléchargées, il faut travailler un peu. D’abord on doit trouver la bonne table dans leur fichier Excel (pour ceux qui n’ont pas envie de chercher, je l’ai mise ici). Les statisticiens anglais font un travail très soigné: chaque semaine ils répartissent la population totale en sous-populations selon la classe d’âge et le statut de vaccination. Cela permet de calculer très précisément les proportions suivantes, prises sur 1 million de personnes dans la classe concernée. Voici, par exemple, ce que disent les chiffres de l’Angleterre dans la semaine du 28 mai 2021 (week 21):
Explication:
- Au total il y a 27 186 649 individus entre 10 et 59 ans. Parmi eux 572 décèdent:
572/27186649 ≈ 21 par million (colonne ALL).
Ces 27 186 649 individus sont répartis en classes disjointes, selon le statut de vaccination:
- 2 144 129 individus ont reçu une première dose de vaccin les derniers 21 jours. Parmi eux 12 décèdent:
12/2144129 ≈ 6 par million (colonne dose<21).
- 5 497 830 individus ont reçu une première dose de vaccin il y a au moins 21 jours et n’ont pas reçu de second dose. Parmi eux 210 décèdent:
210/5497830 ≈ 38 par million (colonne dose>21).
- 7 220 792 individus ont reçu une deuxième dose. Parmi eux 220 décèdent:
220/7220792 ≈ 30 par million (colonne 2nde dose).
- Réunion des trois classes précédentes: le nombre total d’individus ayant reçu au moins une dose est égale à
2 144 129 + 5 497 830 + 7 220 792 = 14 862 751 (colonne Vax).
Dans cette classe le nombre de décès est égal à
12 + 210 + 220 = 444.Cela donne la proportion
444/14862751 ≈ 30 par million. - 12 323 898 individus ne se sont pas fait vacciner. Parmi eux on déplore 130 décès:
130/12323898 ≈ 11 par million (colonne No Vax).
Il en résulte que le 28 mai 2021 un Anglais entre 10 et 59 ans du groupe vax avait une probabilité de 30×10-6 de mourir dans la semaine, ce qui est environ trois fois plus grand que la probabilité correspondante chez un non vacciné, à savoir 11×10-6. Avec des probabilités conditionnelles cela s’exprime de la manière suivante:
Voici les résultats des autres semaines. Pour vérifier mes calculs téléchargez le fichier.
Après quelques semaines au début de l’année il y a une tendance très claire qui montre que
avec un coefficient multiplicateur k qui s’installe au-dessus de 1,7. Or pour un vaccin il est exigé une valeur de k strictement inférieure à 1, c’est-à-dire le vaccin devrait diminuer la probabilité de mourir au lieu de l’augmenter.
On pourrait objecter que la tranche d’âge des 10 à 59 ans choisie par l’ONS est beaucoup trop large et que mes calculs montreraient seulement que la population des non vaccinés contiendrait majoritairement des mineurs qui de toute manière ont peu de probabilité de mourir. C’est possible. Mais alors il faudrait en tirer la conclusion que la vaccination générale des enfants est superflue; et il resterait à expliquer pourquoi la mortalité des 15 à 44 ans constatée au début du billet est élevée en permanence depuis le mois de juin.
Ces chiffres devraient faire réfléchir ceux qui, dans un excès de zèle, veulent vacciner la population entière. En tout cas, il est éthiquement réprouvable de « sacrifier » des personnes ayant la vie devant eux sous prétexte de « sauver » d’autres qui ont la vie derrière eux, même si ces derniers sont en plus grand nombre. Notamment, depuis que la réalité a démonté le mythe que le vaccin pourrait arrêter la propagation du virus (lire à ce sujet cet article du European Journal of Epidemiology). Au lieu de transférer des sommes astronomiques aux actionnaires du big pharma via la campagne vaccinale des jeunes, il serait mieux d’investir dans un système de soins qui fonctionne.
Comme souvent la source de ces décisions irrationnelles réside dans la non-compréhension de la notion de probabilité conditionnelle. La pub de la campagne de vaccination est faite avec des formules comme
Mais on ne communique pas aux jeunes que la formule qui les concerne est:
valable pour les jeunes. Or la condition « covid » est improbable, alors que la condition « vacciné » devient presque certaine…
Pour terminer mentionnons que pour la tranche d’âge des 60 à 69 ans, les chiffres anglais sont (heureusement !) en faveur du vaccin: il divise la probabilité de mourir dans les prochains sept jours environ par deux (en hiver cet effet peut augmenter à une division par trois). Pour les calculs voir ici.
Mise-à-jour 02/12/2021 : on vient de me signaler cet entretien avec un médecin anglais ainsi que cette étude médicale qui pourraient indiquer une piste.
Mise-à-jour 22/01/2022 : En Angleterre un bon nombre de médecins et scientifiques prennent la question au sérieux et ont adressé cette lettre ouverte au gouvernement.
Mise-à-jour 05/03/2022 : Les chiffres de l’ONS sont fausses, comme l’ont montré des professeurs de l’université de Londres. Apparemment l’ONS a oublié
environ 26000 décès survenus dans les deux semaines après la vaccination.
Je ne suis pas favorable à la vaccination des enfants actuellement, bien qu’il semble établi que la vaccination diminue la contagiosité (beaucoup moins de charge virale chez les infectés asymptomatiques vaccinés vs non vaccinés, durée plus courte de contagiosité chez les symptomatiques vaccinés vs non vaccinés). « Ces chiffres devraient faire réfléchir ceux qui, dans un excès de zèle, veulent vacciner la population entière. » Le lien entre ces chiffres et la vaccination n’existe pas a priori, il faudrait le prouver. En France il n’y a semble-t-il pas de surmortalité au 3e trimestre tout âge confondu (INSEE). Il y a une surmortalité marquée chez les moins de 25 ans, cela concerne 180 morts. Mon hypothèse sur cette surmortalité européenne des moins de 45 ans : après un an et demi de stress et de confinement, ils se sont (re)lâchés l’été (et la vaccination) venu. Prises de risque, dépression, les raisons de surmortalité sont nombreuses. Il est vrai que ces facteurs ont été provoqués par les mesures sanitaires qui pénalisaient clairement les jeunes. Je vous rejoins complètement sur ce point. Mais le lien avec la vaccination est (probablement) très ténu.
Effectivement je pencherais très fort sur l’hypothèse d’un facteur de confusion.
D’abord, si l’effet réel était si net que cela et causalement lié à la vaccination, il se serait vu dans les tests en aveugle. Soit c’est le cas et ce serait un argument massue à ajouter au billet, soit ce n’est pas le cas, et alors il faut ajouter quelque chose pour expliquer.
Quoi qu’il en soit, on peut facilement trouver des centaines de candidats à être facteur de confusion.
– D’abord la population des non vaccinés n’est probablement à la base pas du tout représentative de la population générale. Il s’agit d’une minorité soigneusement «sélectionnée» pour avoir un rapport spécial à la notion de médecine ou aux notions générales de santé. Si par exemple on apprend de le taux de tabagisme parmi les non vaccinés est un poil inférieur à celui de la population générale, c’est plié.
– Ensuite la population non vaccinée subit (à tort ou à raison) des contraintes différentes depuis plusieurs mois. Par la force des choses, ils restent probablement plus à la maison, y compris pour le télétravail.
Bref, à moins que quelque chose de vraiment solide se dégage dans un sens ou dans un autre, je retiendrai ce billet comme un cas d’école du pourquoi les essais en double aveugle sont indispensables.
Comme dirait le gars sur GBN et xkcd, il est urgent d’investiguer plus précisément l’affaire.
Merci pour vos commentaires.
@Laurent : Tu mentionnes les tests en aveugle ; je suppose que tu penses aux études menées par les fabricants des vaccins eux-mêmes. Mais dans la classe d’âge des 15-44 ans qui, par nature, ont une mortalité très faible (avec ou sans covid, avec ou sans vaccin), l’échantillon de l’étude n’est jamais assez grand pour voir quelque chose de significatif. Or depuis que les états mènent l’étude vaccinale sur des échantillons à grandeur réelle, à savoir des populations entières, des effets statistiquement significatifs sont observables et on peut voir si la mortalité toutes causes confondues a changé ou non.
Je me permets de résumer:
La mortalité des européens de la génération 15 à 44 ans n’a pas changé de manière significative à l’arrivée du covid en 2020. En revanche, elle est exceptionnellement élevée depuis le début de la campagne vaccinale de cette génération. Mes calculs d’après les chiffres de l’Office for National Statistics d’Angleterre ne permettent pas de démontrer une causalité, en particulier car leur classe d’âge (10-59) est trop large (je l’avais mentionné dans le billet). Il peut aussi y avoir d’autres facteurs de confusion, comme l’a remarqué Laurent.
Néanmoins je recommande vivement la lecture de cet article co-signé par deux professeurs de statistique et risk management de la Queen Mary University of London ; entre autres, ils affirment que, très probablement, la vaccination a causé des décès mal répertoriés. En même temps il devient de plus en plus évident que le vaccin ne fera pas sortir de la pandémie (voici quelques chiffres). Donc l’intérêt à vacciner la jeune génération n’est pas établi. Déjà en 2020 le virologue Hendrik Streeck prévenait qu’il ne fallait pas espérer qu’un vaccin arrêterait la propagation du sars cov 2.
Je profite de l’occasion pour répondre à Hervé Seitz qui dans un commentaire d’un billet du blog de D. Madore m’accuse d’être » un propagateur (au mieux) ou un générateur (au pire) de fake news » :
D’abord, concernant la classification » mort de covid « , je renvoie H. Seitz à ce que dit le professeur Püschel dans cette conférence de presse du mois de mai 2020. (Voir aussi le point 1 ici. D’ailleurs en Allemagne les autorités ne parlent plus de » mort de covid » mais de » mort avec ou par covid « .)
Concernant le suivi des vaccinés, voici la déclaration du professeur Schirmacher (directeur du laboratoire de pathologie de l’université de Heidelberg) qui a autopsié de nombreuses personnes décédées au cours de deux semaines après le vaccin ; il affirme que 30% à 40% parmi elles sont mortes à cause du vaccin. Selon lui, la mortalité due au vaccin est sous-estimée, puisqu’on ne fait pas assez d’autopsies.
Mise à jour: Dans son entretien du 18 mars 2022 le professeur Schirmacher reproche au gouvernement allemand de ne pas vouloir voir les morts de la vaccination.
Concernant les prétendues » fake news » je rappelle à Hervé Seitz qu’il a la mémoire courte : dans ce commentaire du 19/05/2021 il jugeait » complètement farfelu de croire que le sars cov 2 serait un virus créé par l’Homme (et qui, potentiellement, aurait pu sortir de son labo d’origine par accident) « . Mais aujourd’hui cette théorie semble de mois en moins farfelue (lire par exemple cet article dans Nature).
Enfin, pour revenir au sujet principal de la discussion, j’invite Hervé Seitz à proposer une explication plausible pour la surmortalité permanente chez les 15 à 44 ans depuis le mois de mai 2021 — explication qui devrait résister au rasoir d’Ockham…